jeudi 22 juillet 2010

Le redécoupage Marleix dans le Loiret

La création d'un sixième siège occasionne un fort redécoupage, surtout dans l'est du département, l'agglomération orléanaise étant peu concernée. Ailleurs, les détracteurs d'Alain Marleix y verront sans doute des velléités de gerrymandering.
1ere circonscription (Orléans-Sud)
Le secteur se recentre sur l'agglomération orléanaise en perdant le canton de La Ferté-Saint-Aubin. Il glisse ainsi légèrement vers la gauche, mais les rapports de force semblent encore favorables à la droite. Celle-ci tient sans discontinuer le canton de Saint-Jean-de-Braye depuis sa création en 1982. La gauche, de son côté, domine celui d'Orléans - La Source sur la même période. Elle est bien implantée à Beaugency, mais les trois autres cantons sont globalement dominés par la droite. Même s'il risque de ne pas retrouver les mêmes écarts que ceux de son oncle et prédécesseur Antoine, le député UMP Olivier Carré part avec de sérieuses chances de réélection pour 2012. Il pourrait retrouver sur sa route la socialiste Marie-Madeleine Mialot.
2e circonscription (Orléans-Ouest)
Cette circonscription reste inchangée.
3e circonscription (Gien)
Cette circonscription, qui allait de l'est orléanais aux portes de Gien, est complètement remodelée. Elle perd sa partie nord et récupère des débris des anciennes 1ere et 4e. Formée autour de la ville de Gien, elle incorpore désormais les cantons de la bande sud du département. Mis à part les cantons de Briare et Châtillon-sur-Loire, celle-ci est dominée par la droite. Quatre cantons sur sept sont d'ailleurs actuellement détenus par l'UMP. Le sortant de l'ancienne 3e, l'UMP Jean-Louis Bernard, étant implanté à Orléans, le parti majoritaire pourrait orienter son choix vers le maire de Gien Jean-Pierre Hurtiger ou vers celui de Sully-sur-Loire Daniel Sablon. Le PS, dont les chances de victoires s'avèrent minces, pourrait investir le maire de La Ferté-Saint-Aubin Philippe Froment ou son collègue de Jargeau Jean-Marc Gibey.
4e circonscription (Montargis)
Evolution démographique oblige, cette circonscription perd sa partie sud, la plus rurale, pour se recentrer autour de Montargis, la deuxième agglomération du département. Celle-ci est dominée par la droite, que ce soit dans le centre-ville que dans sa banlieue sud. La gauche reste davantage présente dans sa banlieue nord, renforcée par l'apport de Ferrières-en-Gâtinais, qui lui est favorable depuis 1958, mais ayant cepandant un conseiller divers droite depuis 2008. Réélu dès le premier tour en 2007, le député-maire UMP de Montargis Jean-Pierre Door n'a pas trop de souci à se faire dans cette nouvelle configuration, les autres cantons penchant à droite. Il devra cependant garder un oeil sur le FN, que le redécoupage pourrait aider à se maintenir au second tour. Le PS, quant à lui, pourrait investir François Bonneau, président du conseil régional.
5e circonscription (Fleury-les-Aubrais)
Cette circonscription s'est contractée vers l'ouest, mais sa configuration reste la même: faire cohabiter une partie du nord de l'agglomération orléanaise, à savoir le canton cheminot de Fleury-les-Aubrais, autrefois dominé par le PCF, aujourd'hui détenu par le PS avec une forte concurrence centriste, avec le nord du département en contact avec la pression foncière francilienne mais toujours sous influence de la droite (cantons de Malesherbes et Outarville), la ville beauceronne de Pithiviers, à l'identité politique assez floue, constituant le centre de gravité. Sur le papier, la droite est assurée de l'emporter en 2012. Cela pourrait être le baptême du feu de Marianne Dubois, devenue députée en 2009 après le décès de Jean-Paul Charié, héritier d'une dynastie gaulliste dominant le secteur depuis 1958. Le PS pourrait lui opposer Carole Canette.
6e circonscription (Orléans-Est)
Pour les détracteurs d'Alain Marleix, cette nouvelle circonscription est une "salamandre" (gerrymandering, du nom d'un gouverneur américain du XIXe siècle, redoutable créateur de circonscriptions électorales biscornues destinées à faire perdre l'adversaire). Paradoxalement, ce pourrait être la seule, dans ce redécoupage du Loiret, où l'opposition aurait des chances de gagner. Certes, il s'agit d'une bande étroite, comprenant le nord-est de l'agglomération orléanaise et deux cantons péri-urbains situés en amont, dans la vallée de la Loire. Ces derniers penchent à droite depuis 1958. Si Châteauneuf-sur-Loire élit régulièrement cette tendance depuis 1973, celui de Lorris a un conseiller divers gauche depuis 1992. Seul le canton d'Orléans-Bourgogne n'a jamais voté pour la gauche depuis 1958, mais son voisin de Saint-Marc - Argonne affiche une tradition radicale aujourd'hui favorable au PS. Quant à la banlieue, elle est aujourd'hui dominée par ce dernier. L'UMP part avec un handicap supplémentaire: Jean-Louis Bernard, sortant de la 3e mais élu du secteur, est présent dans le paysage politique local depuis 1988. La question de sa succession pourrait se poser, notamment avec Florent Montillot, membre de la majorité municipale à Orléans. A gauche pourraient se présenter les socialistes David Thiberge ou Micheline Prahecq, ou même le Vert Thierry Soler, élu conseiller général de Chécy en 2008.
A quoi faut-il s'attendre...
Tout en préservant l'existant à droite, ce redécoupage assez lourd pourrait donner un os à ronger à la gauche, qui conserve de sérieuses chances de conquête dans la 6e nouvellement créée, et de rééquilibrage dans la 1ere remodelée.
Emmanuel SAINT-BONNET

Aucun commentaire: