mercredi 17 février 2010

Le redécoupage Marleix dans l'Hérault

En ajoutant deux sièges dans ce département en pleine expansion démographique, les ciseaux d'Alain Marleix ont globalement respecté la structure du précédent remodelage, avec cependant la volonté d'éparpiller les cantons montpelliérains, et quelques circonscriptions "gerrymandrisées".

1ere circonscription (Montpellier V, VI, VIII)

Ce secteur reste ouvert sur le littoral. Il perd les cantons I et IV de Montpellier mais gagne le VIII. Sur le papier, la gauche semble légèrement favorisée, le canton I étant le seul à pencher globalement à droite dans la préfecture. Le IV présente à peu près la même géographie électorale que le VIII: il penche globalement à gauche. Cependant, le dernier n'a été repris par le PS en 2001, le IV votant régulièrement socialiste depuis 1988. En réalité, le déséquilibre se situe davantage en faveur des communes de la périphérie que du centre-ville de Montpellier. Le centre névralgique de cette circonscription se déplace légèrement au sud-est, vers la ville de Lattes. Une commune et un canton représentés par la gauche, mais le canton a plutôt tendance à pencher à droite depuis sa création en 1992. Ce qui pourrait favoriser le député UMP sortant, Jacques Domergue. Les affrontements fratricides à gauche, lors des régionales de 2010, brouilleront peut-être les cartes. Le PS pourrait représenter Michel Guibal, ou bien le maire et conseiller général de Lattes, apparenté PS, Cyril Meunier. L'ancien député UMP (2002-2007) Christian Jeanjean, qui a conduit une liste de droite dissidente lors des régionales de 2010, pourrait encore plus compliquer le jeu.

2e circonscription (Montpellier I, III, VII, IX)

Le départ des cantons II et X est ici compensé par l'arrivée des I et III. De quoi légèrement favoriser la droite. Autant le canton X est très tangent (en gris sur la carte), autant le I penche plutôt à droite (en bleu clair). Candidat en 2007, l'UMP Arnaud Julien part avec donc un petit avantage, face au député socialiste sortant, André Vezinhet, président du conseil général solidement implanté à Montpellier.

3e circonscription (Montpellier II)

Evolution démographique oblige, cette circonscription ne garde que les cantons de Castries, et Castelnau-le-Lez, le deuxième de Montpellier étant remplacé par le troisième. Avec le départ du canton de Lunel, qui n'est jamais passé à droite sous la Ve République (en rouge sur la carte), et celui de Mauguio, qui abrite un gros réservoir de vote de gauche, c'est le canton de Castelnau-le-Lez, qui, de son côté, n'est jamais passé à gauche depuis sa création en 1992, qui devient le centre de gravité de cette circonscription. De quoi renforcer l'homme fort du secteur, le député UMP sortant Jean-Pierre Grand. Il pourrait retrouver sur sa route l'ancienne députée PS Christine Lazerges, qu'il avait battue en 2002.

4e circonscription (Lodève)

Cette circonscription, qui abrite entre autres les Cévennes héraultaises, est légèrement retouchée, mais ce redécoupage entraîne une redistribution des rapports de force locaux. Elle perd les cantons de Clermont-l'Hérault, Lunas et Pignan, et gagne celui de Mèze. Trois cantons de gauche, dont deux n'ayant jamais élu de conseiller de droite sous la Ve République, contre un canton penchant plutôt à gauche mais représenté depuis 2001 par un chasseur de CPNT, après avoir élu un écologiste. Le redécoupage, en écartant Pignan, canton périu-urbain de l'agglomération montpelliéraine, disqualifie aussi Jean-Pierre Moure, élu socialiste de la communauté d'agglomération implanté dans ce secteur, et sérieux challenger du sortant UMP Robert Lecou, implanté lui dans la partie rurale de la circonscription. Le PS pourrait donc présenter la nouvelle maire de Lodève, fraîche conquête de la gauche, Marie-Christine Bousquet.

5e circonscription (Bédarieux)

Les changements ne portent que sur des cantons solidement ancrés à gauche, n'ayant jamais élu de conseiller de droite sous la Ve République (en rouge sur la carte). Cette nouvelle 5e en gagne deux, Clermont-l'Hérault et Lunas, mais en perd trois, Florensac, Pézenas et Servian. Sur le papier, la droite est donc très légèrement favorisée, mais elle aura tout de même forte affaire avec le sortant socialiste, Kléber Mesquida, véritable homme fort du secteur. Au contraire, le redécoupage, en écartant Pézenas, approche le centre de gravité de cette circonscription de son canton de Saint-Pons-de-Thomières. L'UMP pourrait représenter Marcel Roques, à moins qu'elle ne trouve un accord avec le conseiller général centriste sans étiquette d'Olonzac, Gérard Marcouire.

6e circonscription (Béziers)

Cette circonscription reste inchangée.

7e circonscription (Sète)

Taillée autour de Sète, cette circonscription voit les départs de Frontignan et de Mèze, et l'arrivée de cantons de gauche de l'arrière-pays (Florensac, Pézenas et Servian). L'opération est ici délicate. Il s'agit de retirer de gros réservoirs de gauche pour les remplacer par des plus petits. Détenu par les communistes entre 1993 et 2007, le secteur reste fragile pour la droite. Elle peut cependant s'appuyer sur le 1er canton de Sète, qui vote pour elle depuis 1976, et celui d'Agde, désormais le plus peuplé de la circonscription, qui penche globalement à gauche mais est détenu par le Nouveau Centre depuis 2008. Deux points d'appui pour le député UMP sortant Gilles d'Ettore, qui devrait faire face à une gauche divisée. PS et PCF pourraient en effet se compter au premier tour, avec respectivement Geneviève Tapié et François Liberti.

8e circonscription (Montpellier X)

Un nouveau siège. Il recouvrira la partie est de l'ancienne 7e, avec Frontignan, augmentée des cantons de Montpellier X et Pignan. Trois cantons à la sociologie électorale très disparate. Frontignan n'est jamais passé à droite sous la Ve République, Pignan penche plutôt à gauche et Montpellier X est très disputé. La gauche part donc plutôt en bonne position pour 2012. Son principal problème ne sera d'ailleurs pas de gagner, mais de désigner le bon candidat, entre Jean-Pierre Moure, élu de l'agglomération montpelliéraine, et Pierre Bouldoire, maire PS de Frontignan. A droite, le choix pourrait se porter sur le maire UMP de Fabrègues, Jacques Martinier.

9e circonscription (Montpellier IV)

Ce nouveau siège est découpé sur une partie de l'ancienne 3e (cantons de Lunel et Mauguio) à laquelle est rattaché le canton de Montpellier IV. Trois cantons de gauche, voire-même exclusivement de gauche pour Lunel. Sur le papier, la gauche est donc favorisée, mais l'enjeu portera sur les rapports de force au sein de la communauté d'agglomération de Montpellier. Le PS investira-t-il Patrick Vignal, conseiller de Montpellier IV, ou un accord avec Yvon Bourrel, maire divers gauche de Mauguio, sera-t-il trouvé? Il faudra aussi compter avec un gros réservoir de suffrages de droite, la commune de Lunel. Son maire, Claude Arnaud, pourrait trouver le soutien de l'UMP.

A quoi faut-il s'attendre...

Tout peut arriver, au vu de la situation politique de plus en plus mouvante de l'Hérault. La dissidence du PS de Georges Frêche, président du conseil régional et ancien maire de Montpellier, depuis 2007, a accéléré cette instabilité. Globalement, la droite pourrait récupérer la 2e circonscription et gagner la nouvelle 9e, mais elle risque fort de voir lui échapper la nouvelle 8e. Incertitude totale en revanche pour la 1ere.

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