lundi 11 octobre 2010

Le redécoupage Marleix dans la Marne

En perdant une circonscription, la Marne gagne un découpage moins torturé, même si la ville principale, Reims, est désormais ventilée sur quatre sièges au lieu de trois précédemment.
1ere circonscription (Reims-Nord)
Ce secteur se trouve profondément modelé. Il ne garde que les cantons II et VI de Reims. Le reste se compose des cantons IV et X et de celui, péri-urbain, de Bourgogne. Les cartes sont rebattues mais cela ne devrait rien changer à la géographie électorale. Sur le papier, cette circonscription reste ancrée à droite, n'abritant qu'un seul canton (Reims IV) penchant à gauche depuis sa création. Cependant, le PS détient le VI depuis 2004 et le X depuis 2008. La question, en 2012, sera de savoir si le jeune député UMP Arnaud Robinet, qui a succédé en 2008 au très contesté Renaud Dutreil, est suffisamment renforcé face à une éventuelle victoire de la gauche à la présidentielle. Il pourrait trouver sur sa route Sabrina Ghallal, conseillère de Reims IV.
2e circonscription (Reims-Sud)
La principale ville du département est ici aussi sérieusement redécoupée, puisque ne subsiste de l'ancienne 2e que le canton de Reims III, associé avec des chutes des anciennes 1ere (Reims I et V) et 3e (Reims VIII). L'ensemble glisse vers l'ouest, en perdant Verzy et en gagnant la partie ouest de Châtillon-sur-Marne. Le glissement se produit également vers la droite, avec la perte de deux réservoirs de gauche, Reims VII et IX. L'arrivée de Reims VIII, qui vote à gauche depuis sa création en 1973, contrebalancera-t-elle les cantons péri-urbain du flanc ouest, classés globalement de droite depuis 1958? C'est ce qu'espère la gauche, qui pourrait présenter la socialiste Adeline Hazan, qui a remporté la mairie en 2008, face à la députée UMP Catherine Vautrin. Ici aussi, les résultats de la présidentielle seront déterminants.
3e circonscription (Reims-Epernay)
En franchissant la Montagne de Reims, l'ancienne 6e circonscription est devenue la nouvelle 3e. Elle perd au passage Sézanne et la partie ouest de Châtillon-sur-Marne, mais gagne Avize, Verzy et Reims IX. Ce dernier canton a toujours été représenté par un socialiste depuis sa création en 1982, mais les deux autres n'ont jamais voté à gauche sous la Ve République. Cette partie de l'agglomération rémoise sera donc noyée dans les suffrages de droite de la région d'Epernay. En 2012 se posera surtout la question de la candidature à droite. Le député UMP conservateur Philippe Martin, soutenu par les milieux viticoles, en place depuis 1993, se représentera-t-il? Ou laissera-t-il la place au maire UMP d'Epernay Franck Leroy, ce qui pourrait favoriser une triangulaire avec le FN? Un maigre espoir pour la gauche, qui pourrait investir Marc Lefèvre, membre de l'opposition municipale à Epernay, ou Dominique Lévêque, conseiller général PS d'Ay.
4e circonscription (Reims-Châlons)
Ce secteur s'épaissit, en gagnant le fief de droite de Suippes, le canton de Beine-Nauroy, anciennement de tendance radicale et votant régulièrement à droite depuis 1985, et Reims VII, élisant des conseillers communistes dès sa création en 1973, puis socialistes depuis 1982. En contrepartie, il perd Marson, classé plutôt à droite (en bleu clair sur la carte). Sur le papier, la gauche est donc légèrement favorisée au plan démographique. Cependant, une conquête depuis une base rémoise semble peu probable. D'abord en raison de la rivalité naturelle entre la ville du sacre des rois de France et la préfecture, tenue par la droite depuis 1995. Seule une large victoire de la gauche à la présidentielle de 2012 pourrait inquiéter le jeune ministre du Logement Benoist Apparu, qui a laissé les clefs de la circonscription à Bruno Bourg-Broc, maire UMP de Châlons et député entre 1982 et 2007. Le PS pourrait laisser Alain Biaux, conseiller général écologiste de Châlons III, monter à l'assaut.
5e circonscription (Vitry-le-François)
Seule circonscription ne comprenant aucun canton rémois, elle s'agrandit sur ses marges, en gagnant Marson et Sézanne, deux cantons penchant plutôt à droite, de tradition respectivement modérée et radicale. Pas de quoi déstabiliser le député Nouveau Centre sortant, Charles-Amédée de Courson, qui a l'avantage d'être un élu rural dans ce secteur peu urbanisé, et de marquer sa différence en tant que centriste. De plus, la remise en selle du socialiste Jean-Pierre Bouquet, lors des municipales de 2008 à Vitry-le-François (où il fut maire de 1989 à 1995), pourrait l'inciter à se présenter. L'homme est certes incontournable mais ne représente pas vraiment le renouvellement: il a déjà été député entre 1988 et 1993, avant d'être battu par l'actuel titulaire du siège. Cependant, il faudra également surveiller en 2012 le FN, qui fait preuve d'une certaine vitalité dans les campagnes marnaises.
A quoi faut-il s'attendre...
L'objectif d'Alain Marleix semble ici assez clair, bien que justifié par la démographie. En éclatant Reims sur quatre circonscriptions, dont deux abritant des villes rivales et de droite, le redécoupage tend à affaiblir le principal foyer de gauche dans ce département conservateur. Le PS, qui détenait deux sièges sur six entre 1988 et 1993, pourrait au mieux en récupérer deux sur cinq, surtout si le FN vient brouiller les cartes.
Emmanuel SAINT-BONNET