mercredi 23 juin 2010

Le redécoupage Marleix dans les Landes

Le redécoupage de ce département n'était pas prévu dans le premier projet. Mais le transfert d'un canton de la 2e à la 3e circonscription, préconisé par la commission constitutionnelle, a été retenu, d'où l'aspect modeste de ce remodelage.
1ere circonscription (Mont-de-Marsan)
Cette circonscription reste inchangée.
2e circonscription (Dax)
Evolution démographique oblige, cette circonscription perd le canton péri-urbain de Peyrehorade. Classé globalement à gauche depuis 1958 (en orange sur la carte), il est détenu par le PS depuis 1979. Une modification à la marge qui ne devrait pas bouleverser la géopolitique du secteur. D'autant plus que le basculement à gauche de Dax, lors des municipales de 2008, a renforcé localement le PS. Si le sortant Jean-Pierre Dufau, en place depuis 1997, ne se représente pas, il pourrait céder la place à sa suppléante Elisabeth Bonjean, à la maire de Saint-Paul-lès-Dax Danielle Michel ou au maire de la ville-centre Gabriel Bellocq. Depuis la chute de la municipalité UMP de Dax, la droite reste orpheline. Jacques Forté pourrait tenter un retour en 2012. Il faudra aussi peut-être compter avec la centriste Florence Defos.
3e circonscription (Saint-Sever)
La seule circonscription landaise n'ayant jamais basculé à droite depuis 1988 reçoit le canton de Peyrehorade, ce qui devrait la marquer encore plus à gauche qu'elle ne l'est. Ici, la seule carte à jouer pour la droite serait un retrait d'Henri Emmanuelli, député socialiste élu pour la première fois en 1978, peut-être au profit de sa suppléante Monique Lubin. Ce qui pourrait profiter à l'UMP Serge Lansaman, maire d'Hagetmau, la plus grande ville de droite de la circonscription. A moins que la majorité ne réserve l'investiture à un membre du NC, à savoir Pierre Dufourcq, conseiller général de Grenade-sur-l'Adour, le seul canton dui département n'ayant jamais élu de conseiller de gauche depuis 1958 (en bleu foncé sur la carte).
A quoi faut-il s'attendre...
A priori aucun bouleversement n'est attendu dans les deux circonscriptions redécoupées, même si, en 2012, la nécessité pour le PS de renouveler ses cadres sera plus que jamais présente.
Emmanuel SAINT-BONNET

mercredi 2 juin 2010

Les noyaux durs de la 4e circonscription de l'Isère

Comme (presque) toujours lors d'une élection partielle, l'abstention a largement remporté le premier tour du scrutin du 30 mai, dans la 4e circonscription de l'Isère, destiné à remplacer Didier Migaud, nommé à la tête de la cour des comptes.
Dimanche, seuls 29,85 % des inscrits se sont déplacés aux urnes. C'est près de vingt points de moins que lors des régionales de mars dernier, qui alignaient à peu près les mêmes forces politiques et auxquelles Didier Migaud ne participait pas. Les dernières législatives, en 2007, avaient vu elles l'abstention atteindre les 39,66 %.
Dans ce contexte, nos pronostics de notre post du 16 mai étaient plutôt surévalués, même si nous avons trouvé l'ordre d'arrivée des candidats.
Avec 9987 voix (39,31 %), Marie-Noëlle Battistel arrive en tête. Un résultat qui valide la stratégie du PS, réélle ou supposée, de bétonnage de cette circonscription qui vote davantage Migaud que socialiste. Que ce soit en voix comme en pourcentage, ce score est médiocre mais les meubles sont sauvés. Depuis la création de cette circonscription en 1988, jamais le PS n'était passé sous la barre des 10 000 électeurs lors d'un premier tour d'une législative. Lors de la vague bleue de 1993, Didier Migaud avait attiré 11 888 bulletins sur son nom. Le décompte en pourcentage s'avère moins catastrophique. Marie-Noëlle Battistel atteint à peu près le score de Didier Migaud en 1997 (40,27 %). A noter également que l'appel à voter Battistel, lancé par le villepiniste Yann Casavecchia, n'a visiblement déplacé aucun suffrage.
L'UMP, qui était (officiellement) représentée par Fabrice Marchiol, atteint elle aussi un nouveau plancher. Avec 8364 votants et 32,93 %, son candidat arrive légèrement en deça du résultat de la liste UMP-NC-MPF-CPNT aux dernières régionales (8728 voix). En pourcentage, Fabrice Marchiol fait même mieux que Yann Casavecchia en 2007 (31,70 %). Pour la droite parlementaire, c'est un résultat à la fois médiocre et encourageant. Il semble en effet que le noyau dur de son électorat, dans cette circonscription, n'a pas été entamé par l'abstention, contrairement à celui de Didier Migaud (mais non du PS). Il est possible que l'absence d'étiquette UMP affichée ait un peu limité les dégâts, mais cette stratégie ne pourra que difficilement être réutilisée en 2012.
Avec 3208 suffrages et 12,63 %, les écologistes s'installent comme troisième force du secteur. Certes, ils sont loin de leurs 7103 voix des régionales de mars dernier, mais la candidate Europe-Ecologie Anne Parlange a mobilisé un noyau dépassant les 2748 électeurs toutes tendances confondues de 2007. Un score prometteur pour 2010, confirmant une nouvelle fois qu'on n'a pas fini d'entendre parler d'Europe Ecologie.
Avec Mireille d'Ornano, le FN avait dépêché une militante de la première heure. Elle obtient 1881 voix et 7,4 %. L'extrême-droite est elle aussi très loin de son score de mars dernier (4291 voix) mais proche du total FN-MNR de 2007 (1972 bulletins), ce qui tend à attester qu'il s'agit ici aussi d'un noyau dur.
Le candidat du Front de gauche Laurent Jadeau attire 1730 électeurs, soit 6,81 % des inscrits. Dans notre analyse du 16 mai, nous avions établi des comparatifs comprenant toutes les forces à la gauche du PS. En l'absence de candidature d'extrême-gauche, ce mouvement reste à peu près à son niveau de 2007 (1068 voix pour le PCF) et de mars dernier (4412 voix en comptant l'extrême-gauche). Cela démontre cependant que, lorsque l'enjeu est peu important, il n'attire pas tous les électeurs d'extrême-gauche de cette circonscription.
La candidature d'Arnaud Walther, pour l'Alternative libérale, petit mouvement très critique sur le modèle social français, est restée symbolique, avec 233 voix et 0,92 %. Seule certitude: elle n'aura pas mobilisé les déçus du sarkozysme de cette circonscription.
Parallèlement à la forte abstention, cette partielle voit également un effet-loupe pour les deux principales formations de la vie politique française, qui réunissent près des trois quarts des exprimés de ce premier tour.
Un phénomène qui se confirme dans la géographie électorale de cette circonscription, qui n'aura vu, dans aucune commune et a fortiori aucun canton, aucune des autres forces en présence arriver en tête.
Marie-Noëlle Battistel est première dans six cantons sur dix. Elle obtient la majorité absolue à Corps, où elle est implantée, et obtient 64,29 % dans sa commune de La Salle-en-Beaumont.
Fabrice Marchiol est en tête dans les autres cantons, dont celui de La Mure mais de seulement 34 voix, ce qui confirme la relative défiance de ce canton ouvrier pour le maire de la ville-centre. Dans cette dernière, il remporte 53,49 % des voix exprimées.
Mis à part quelques surprises, la géographie électorale actuelle est respectée. La gauche domine la plupart des centres urbains, malgré une forte abstention, et la droite s'impose de plus en plus à mesure qu'on se rapproche du Vercors et de ses contreforts, où l'électorat modéré et conservateur est plus proche.
Quelques exceptions sont à signaler.
A Villard-de-Lans, canton à droite depuis 1979, Marie-Noëlle Battistel est en tête avec 35,1 % des exprimés, peu avant Fabrice Marchiol (32,50 %). Il semble que la candidate écologiste Anne Parlange (19,50 %) ait davantage siphonné de voix de droite que de gauche, dans ce secteur assez péri-urbanisé. Elle arrive d'aileurs deuxième avec 29,82 % des exprimés à Saint-Nizier-du-Moucherotte, commune du versant grenoblois du massif.
A Bourg-d'Oisans, canton détenu par la gauche depuis 1998, les scores sont tout aussi serrés. Fabrice Marchiol fait la course en tête avec 39,9 % et onze communes sur vingt-et-une, Anne-Marie Battistel s'adjugeant 36,5 % des exprimés. A y regarder de plus près, il ne s'agit cependant que d'une demi-surprise. Dans certaines communes, les votes se distribuent logiquement: respectivement 63,11 et 40,50 % pour l'UMP dans les stations de L'Alpe-d'Huez et de Vaujany, 44,24 % pour le PS dans la commune ouvrière de Livet-et-Gavet. Encore sociologiquement très clivé, de tradition radicale, ce canton passe assez régulièrement de droite à gauche depuis 1958.
A quoi faut-il donc s'attendre pour ce second tour dimanche 6 juin? Très probablement à une victoire du PS, mais cependant pas aussi large que depuis 1997.
La forte abstention de ce premier tour aura au moins mis à nu les noyaux durs de chaque force en présence. Au delà se situent le bonus électoral, qui permettait depuis 1993 à Didier Migaud de dépasser le quantum socialiste, ainsi que l'électorat centriste, qui pesait tout de même encore 3000 bulletins en 2007, et qui semble s'être littéralement évaporé.
Après la traditionnelle chasse aux abstentionnistes de cet entre-deux-tours, la reconquête de ces deux électorats qui se confondent sûrement en partie sera l'un des enjeux de 2012.
Emmanuel SAINT-BONNET